Inflation & alimentation : 5 chiffres qui actent le changement de comportement des Français

Le sujet de l’inflation anime aussi bien les comités de direction des entreprises que les repas de famille… Selon l’Insee, en septembre 2022, les prix à la consommation se replient de 0,6 % sur un mois et augmentent de 5,6 % sur un an. Une hausse davantage contenue qu’en Europe, où le taux d’inflation annuel s’est établi à 10,9 % en septembre 2022. Néanmoins, les consommateurs français ont rapidement modifié leurs habitudes de consommation, selon une étude menée par le cabinet AlixPartners.

• 90 % sont inquiets face à la hausse de l’inflation

D’après l’enquête Yougov commandée par AlixPartners, l’inquiétude face à l’inflation est quasi généralisée. Si 9 Français sur 10 se disent inquiets, 41 % se disent même très inquiets. Si la population n’a pas le moral, cela a un effet direct sur la consommation, notamment sur les achats plus impulsifs ou jugés non-prioritaires. Tous les acteurs du non-alimentaire, comme B&M ou Centrakor, se disent d’ailleurs plus sensibles à cette tendance qu’à l’inflation elle-même.

• 1 Français sur deux constate une hausse de son budget alimentaire

Sur les six derniers mois, près d’un Français sur deux (49 %) à constater une hausse de son budget alimentaire. Pour 44 %, la hausse des prix est comprise entre 5 et 10 %, pour 32 % elle se situe entre 11 et 20 %, tandis que 12 % estiment que les dépenses ont augmenté de 20 %. « Des écarts qui peuvent notamment s’expliquer par des habitudes de consommations différentes », pointe le cabinet AlixPartners.

Par ailleurs, 47 % des personnes interrogées anticipent que leur budget courses va encore augmenter au cours des six prochains mois. Résultats, près de deux Français sur trois annoncent des arbitrages budgétaires, tandis que 16 % s’attendent à devoir puiser dans leurs économies.

• 34 % des Français ont acheté plus de MDD

En magasin, l’enquête menée par YouGov révèle que les chariots sont davantage remplis de marques de distribution. Un tiers des Français annonce en acheter davantage, tandis qu’ils sont 27 % à avoir réduit leurs achats de marques nationales.

« L’impact sur les assortiments MDD est à suivre de près, estime Etienne Sebaux, Directeur associé du bureau parisien d’AlixPartners. Non seulement elles risquent de prendre plus de place en rayon, mais les distributeurs vont être tentés d’enrichir leur offre, avec plus de MDD entrée de gamme, de MDD premium… Tout en veillant à rendre ce portefeuille de marque lisible pour le consommateur. »

• 54 % des Français diminuent les viandes et poissons

Du côté des produits frais, les consommateurs ont drastiquement changé leurs habitudes de consommation en 6 mois. Ainsi, 54 % des personnes interrogées affirment avoir diminué leurs achats de  viandes et poissons depuis six mois.

D’autres produits de grande consommation (PGC) enregistrent aussi un désamour des Français face à l’inflation. Ainsi, depuis six mois, 46 % assurent acheter moins de produits apéritifs, 41 % de desserts, et 40 % des boissons alcoolisées.

• 34 % des Français achètent moins de produits bio

La progression du bio s’essouffle depuis quelques mois et face à l’inflation, la décroissance devrait perdurer. Ainsi, 34 % des Français disent acheter moins de produits bio depuis 6 mois. En revanche, les produits locaux, qui rentrent dans cette approche du mieux manger, se tiennent un peu mieux et ne recule dans le panier du panel que de 23 %.

« Nous nous attendions à un décrochage du bio sous la pression des prix, mais pas à ce point, analyse Emilie Dubuc, Vice-Présidente Senior du bureau parisien d’AlixPartners. C’est une véritable épreuve de vérité pour toutes les catégories de produits mieux-disantes d’un point de vue environnemental. Il est intéressant de souligner que l’attachement des Français aux produits locaux semble mieux résister. »

Une bataille autour de l’image prix en 2023

Au-delà de la composition des paniers, les consommateurs semblent aussi enclins à faire évoluer le choix de l’enseigne pour réaliser leurs courses. Ainsi, Lidl se retrouve en tête des enseignes les plus fréquentées au cours des douze derniers mois par le panel (56 %), devant Leclerc (52 %) et Carrefour (48 %). « Même si cela ne reflète pas leurs parts de marché respectives, c’est un vrai satisfecit pour l’enseigne allemande », analyse AlixPartners. D’autant que Lidl arrive à nouveau en tête des enseignes que les consommateurs sondés souhaitent fréquenter davantage en réaction à l’inflation : 48 %, contre 39 % pour Leclerc. Derrière, Carrefour arrive troisième avec 24 %, Intermarché à 22 % et Auchan à 18 %. Action impressionne en arrivant juste après (17 %).

« Nous anticipons une compétition particulièrement brutale sur le front de l’image prix à partir de 2023, indique Olivier Salomon, Directeur associé du bureau parisien d’AlixPartners. Certaines enseignes semblent prêtes à des sacrifices significatifs sur leur marge pour aller chercher des parts de marché chez les concurrents. Les moins bien placés devront rester très vigilants pour ne pas décrocher. »