Gérard Leclerc, Président d’Intersport, élu Personnalité Retail de l’Année

Le prix de la Personnalité Retail 2025 a été attribué à Gérard Leclerc lors de la Nuit du Commerce Connecté, ce lundi 17 novembre au Théâtre Mogador à Paris. Le dirigeant d’Intersport, désormais responsable de la France, de la Belgique, de l’Espagne et du Portugal, reçoit cette distinction dans un moment clé pour l’enseigne, marquée par une dynamique de transformation et une extension de son périmètre européen. Le trophée lui a été remis par Thierry Cotillard, président du Groupement Les Mousquetaires et lauréat 2024, lors d’un échange où se sont retrouvés deux représentants majeurs du modèle coopératif.

Un parcours façonné par la distribution et l’histoire familiale

Fils de Guy Leclerc, président d’Intersport France entre 1998 et 2006, il a grandi dans les magasins de sport et a suivi très tôt les pas de sa famille. Diplômé de Neoma, passionné de vélo et de ski, il rejoint l’entreprise familiale qui exploitait plusieurs magasins, avant de contribuer au développement du réseau dans le Centre, l’Est et Rhône-Alpes dès les années 1990. Quarante ans après l’ouverture du premier magasin familial à Albertville, il prend la tête de la coopérative en octobre 2024.

Sur scène, il résume ce lien durable avec son métier : « J’adore mon métier, j’adore la distribution, j’adore les clients, j’adore mes adhérents. À partir de là, il n’y a pas de limite pour la passion. »

Un passage de relais entre deux coopérateurs

Comme le veut la tradition de la Nuit du Commerce Connecté, la personnalité distinguée l’année précédente dévoile le nom de son successeur. Thierry Cotillard a dressé un portrait précis de celui qui allait recevoir le prix, insistant sur une passion intacte depuis trois décennies. « La personne qui va gagner ce prix met depuis 30 ans sa passion au service de son secteur, le sport », a-t-il expliqué, en rappelant sa nomination comme patron de l’enseigne en octobre 2024. Il a également souligné l’ambition portée par Intersport : atteindre la première place du marché d’ici 2030. « Il modernise son parc, met de l’énergie dans la transformation et vit dans la proximité, comme nous », a-t-il ajouté, avant de conclure dans un clin d’œil : « On aurait pu croire que c’était encore Inter… mais non : cette année, c’est Intersport ! ».

Les deux hommes se sont rencontrés quelques minutes avant de monter sur scène, un symbole intéressant pour deux dirigeants issus de réseaux coopératifs où le collectif, le terrain et la relation directe avec les entrepreneurs jouent un rôle central. Le dialogue entre les deux dirigeants s’oriente naturellement vers la manière de fédérer des entrepreneurs. Thierry Cotillard rappelle que l’agilité d’une coopérative repose sur la capacité à mettre les bons sujets à l’ordre du jour et à démontrer leur impact sur le chiffre d’affaires et la rentabilité. « À partir du moment où tu proposes du chiffre d’affaires et où les projets impactent la top line et le bas de page, ça avance », explique-t-il.

Gérard Leclerc confirme cette logique, fondée selon lui sur le bon sens. « Un entrepreneur coopérateur aime le bon sens. C’est d’abord satisfaire ses clients dans les meilleures conditions possibles, tout en servant son compte d’exploitation. À partir de là, on les aligne tous. » Il revendique une approche simple, enracinée dans le terrain, et profondément liée à la dynamique entrepreneuriale locale. Interrogé sur ce que ses adhérents attendent d’un leader, Gérard Leclerc insiste sur la discrétion. « Nous, ce sont d’abord des adhérents, parce qu’ils adhèrent à une vision. Je ne suis là que pour la mettre en œuvre. Je ne suis qu’un modeste représentant de leur volonté », explique-t-il.

Intersport en 2025 : une enseigne en croissance et ancrée dans les territoires

Intersport est aujourd’hui l’un des acteurs majeurs de l’équipement sportif, avec plus de 700 magasins et un chiffre d’affaires de 3,8 milliards d’euros. L’enseigne occupe la deuxième place du marché en France, derrière un leader puissant (Decathlon), mais bénéficie d’un maillage territorial unique et d’une présence renforcée dans les zones de sports de plein air. L’année 2024 a marqué les 100 ans du réseau. Gérard Leclerc l’a rappelé sur scène : « Intersport, c’est le scoutisme : 1924-2024. Une entreprise qui s’est renouvelée, adaptée, qui a beaucoup misé sur le physique en développant horizontalement, en l’honneur de ses adhérents ».

Dans un précédent article publié par Républik Retail, Intersport avait détaillé les fondations de sa stratégie 2025-2030. Elle s’articule autour du renforcement du positionnement prix, d’un travail accru sur la proximité territoriale et la volonté de renforcer son poids au niveau européen. L’enseigne y décrivait également la modernisation de son parc, l’enrichissement de l’expérience magasin et le développement du digital. Ces orientations constituent aujourd’hui la feuille de route du mandat de Gérard Leclerc, qui hérite d’un réseau en mouvement et d’une organisation désormais calibrée pour changer d’échelle. L’évolution la plus marquante est d’ailleurs européenne. IIC, la structure internationale du groupe, a confié à Intersport France la responsabilité de piloter l’Espagne et le Portugal, en plus de la Belgique. Cette décision fait de la France le centre opérationnel d’un pôle Sud Européen regroupant quatre pays. Cette réorganisation récompense la dynamique engagée depuis 2024, notamment le rachat de Go Sport, la modernisation du parc et la mise en place d’une nouvelle plateforme de marque. Une filiale ibérique sera créée pour accompagner le développement local, tandis que la centrale espagnole et ses collaborateurs seront repris sous pilotage français.

« Cette nouvelle étape marque la reconnaissance du savoir-faire de notre coopérative française et de notre capacité à fédérer une dynamique solide. En structurant un pôle Sud Européen, nous affirmons notre ambition de devenir un acteur de référence dans une zone stratégique du marché européen du sport », explique Gérard Leclerc. L’objectif affiché est clair : Intersport veut disputer au leader la première place d’ici 2030. Cette ambition repose sur la montée en puissance de plusieurs chantiers déjà engagés : repositionnement prix, modernisation du parc, progression du commerce de proximité, renforcement du digital, intégration progressive des magasins issus de Go Sport et coordination européenne. La cohérence de ces leviers est l’un des marqueurs de la nouvelle gouvernance. L’enseigne veut capitaliser sur son réseau d’adhérents et sur son rôle d’acteur de terrain pour renforcer sa compétitivité.

En fin d’échange, Gérard Leclerc prononce une phrase qui fait réagir la salle : « Que tous ceux qui font de la franchise arrêtent. Ils transforment leur modèle. Et qu’ils aiment autant leurs clients que nous les aimons. » Derrière la provocation apparente, il rappelle sa conviction que le modèle coopératif, s’il est bien structuré, représente un outil d’agilité puissant dans le retail actuel. Interrogé sur son avenir à dix ans, il conclut simplement qu’il servira encore le mouvement, dans un rôle ou un autre, confirmant la fidélité qui caractérise son parcours.