Stratégie retail

Grand Frais s’apprête à reprendre une trentaine de magasins GiFi


Grand Frais et GiFi annoncent un rapprochement en vue de la cession de 25 à 30 magasins. Une opération prévue pour 2026, qui s’inscrit dans la stratégie d’expansion de Grand Frais et le recentrage de GiFi sur ses magasins les plus performants.

Grand Frais vise à consolider sa présence dans les territoires où elle est encore peu représentée.  - © RP Ribiere
Grand Frais vise à consolider sa présence dans les territoires où elle est encore peu représentée. - © RP Ribiere

Les enseignes Grand Frais et GiFi ont officialisé leur rapprochement en vue de la cession d’une trentaine de magasins du groupe basé à Villeneuve-sur-Lot. Selon les deux entreprises, cette opération, dont la finalisation est envisagée pour courant 2026, s’inscrit dans une logique de développement ciblé pour Grand Frais et de recentrage stratégique pour GiFi.

Ce projet, actuellement soumis aux procédures d’information-consultation des instances représentatives du personnel, ainsi qu’à l’obtention des autorisations réglementaires habituelles, pourrait concerner entre 25 et 30 points de vente, situés principalement en périphérie de villes moyennes ou dans des zones commerciales à fort trafic, où les deux enseignes sont historiquement implantées.

Grand Frais accélère son maillage territorial

Pour Grand Frais, cette reprise s’inscrit dans une stratégie de croissance externe maîtrisée, fidèle à son modèle fondé sur la proximité et la fraîcheur des produits. L’enseigne, qui revendique aujourd’hui plus de 330 magasins en France et une vingtaine d’ouvertures par an, vise à consolider sa présence dans des territoires où son concept est encore peu représenté. « Ce rapprochement s’inscrit dans une logique de développement ciblé et de renforcement du maillage territorial de Grand Frais », indique le communiqué commun. L’enseigne entend par ailleurs proposer un poste à chaque collaborateur concerné, en préservant l’ancienneté et en « mettant tout en œuvre pour garantir l’emploi », selon les termes de la direction.

Si l’opération aboutit, elle permettrait à Grand Frais de reprendre des surfaces commerciales prêtes à l’emploi, sans avoir à construire de nouveaux bâtiments, un argument décisif dans un contexte où la sobriété foncière devient un enjeu croissant pour les enseignes d’alimentation.

GiFi cherche à stabiliser sa trajectoire

Pour GiFi, ce projet de cession partielle répond à une autre urgence : retrouver des marges de manœuvre financières et stabiliser son modèle. L’enseigne a renoncé à un plan social envisagé début 2025, dans l’attente de cette opération et de l’arrivée d’une nouvelle gouvernance. Christophe Mistou, ancien directeur général de Monsieur Bricolage, a en effet pris la présidence du directoire en septembre 2025 avec pour mission de relancer la marque et a confirmé la suspension du plan social. Ce repositionnement s’inscrit dans un contexte de marché tendu pour le non-alimentaire discount. Malgré un parc de plus de 500 magasins en France et un ancrage régional fort, GiFi doit composer avec une érosion de sa rentabilité et un modèle de consommation qui se transforme. Plusieurs sources évoquent des pertes opérationnelles importantes, pouvant atteindre près d’un million d’euros par jour en période creuse, d’après Stratégies.

L’enseigne mise donc sur cette cession sélective d’actifs pour concentrer ses efforts sur les magasins les plus performants et revaloriser son offre, tout en évitant une restructuration brutale. La réalisation effective de la cession n’interviendra qu’après validation par les autorités compétentes, notamment l’Autorité de la concurrence. Les modalités précises : nombre exact de magasins, calendrier et conditions financières seront communiquées ultérieurement, une fois les étapes de concertation achevées. Ce rapprochement, s’il se concrétise, illustrerait une tendance de fond : la mutualisation d’actifs commerciaux comme levier de transformation, face à des modèles économiques fragilisés par la baisse du trafic et la hausse des coûts. En s’implantant dans d’anciens GiFi, Grand Frais renforcerait sa proximité avec une clientèle périurbaine en quête d’alternatives alimentaires qualitatives. GiFi, de son côté, gagnerait en liquidité et en flexibilité, tout en évitant un plan social d’ampleur.