Stratégie retail

Face à Starbucks et bientôt Dunkin’, Columbus Café muscle son jeu

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Columbus Café inaugure un lieu stratégique au cœur de Paris, pensé comme vitrine de marque et laboratoire d’innovation. L’enseigne française affirme ainsi ses ambitions sur un marché du coffee shop en mutation, entre montée en gamme, diversification des formats et arrivée de nouveaux concurrents.

 Ce flagship entend renforcer sa présence dans la capitale. - © D.R.
Ce flagship entend renforcer sa présence dans la capitale. - © D.R.

Au croisement stratégique du boulevard de Sébastopol et de la rue de Rivoli, Columbus Café a ouvert un nouvel établissement à Paris, ou plutôt à transférer l’établissement précédent dans la rue voisine, en avril. Plus qu’un point de vente, ce flagship marque une nouvelle étape dans la stratégie de développement de l’enseigne, qui entend renforcer sa présence dans la capitale. Sur deux niveaux et 280 mètres carrés, ce coffee shop incarne une vitrine de marque assumée, pensée comme un laboratoire d’innovation, un lieu d’expérience client complet et une réponse offensive à l’évolution du marché français.

Si Columbus Café est déjà solidement implanté en région, avec un réseau 100 % en franchise (120 franchisés) et près de 260 points de vente, sa visibilité à Paris restait limitée avec trois établissements et une vingtaine en région parisienne. Avec cette ouverture, opérée par Welcome, filiale du groupe Eram qui détient 20 % de Columbus, la marque française de coffee shop donne un signal fort : elle ne compte pas laisser le terrain parisien à la concurrence.

Une vitrine urbaine et un banc d’essai pour l’innovation

Ce nouveau Columbus Café a été conçu pour offrir l’expérience la plus complète de l’enseigne : boissons barista préparées à la commande, recettes sucrées et salées pour tous les moments de consommation mais où 20 % des ventes se réalisent le matin. Mais il joue aussi un rôle clé dans la stratégie d’innovation de l’enseigne. C’est dans ce lieu que seront testées les nouveautés produits avant leur déploiement à l’échelle nationale. Le flagship accueille par exemple des boissons infusées à froid ou des fontaines à eaux aromatisées, proposées pour la première fois dans Paris. Ces alternatives plus légères accompagnent la décision récente de l’enseigne de retirer les sodas de sa carte. L’approche s’inscrit dans une logique d’offres gourmandes mais plus responsables, qui élargissent le spectre des moments de consommation et répondent aux nouvelles attentes des clients urbains.

La digitalisation est également au cœur du concept : menu boards dynamiques, prise de commande sur tablette par les baristas, et espace boutique avec mugs, capsules, prêt-à-pâtisser ou encore chocolat en poudre. « Tout a été pensé pour faire de ce point de vente un terrain d’expérimentation à la fois produit et parcours client », souligne Frédéric Pastur, directeur général de Columbus Café.

Un marché du coffee shop en pleine ébullition

L’ouverture de ce vaisseau amiral parisien intervient dans un contexte particulier : celui d’un marché du coffee shop en pleine accélération mais où le chiffre d’affaires recule ou stagne. Columbus Café enregistre un chiffre « flat » à 132 millions d’euros. « Nous avons été plus résilients par rapport au marché », affirme le dirigeant. 16 millions de commandes ont été effectuées en magasins et en ligne.

Longtemps dominé par Starbucks, l’univers du café premium a vu émerger de nombreuses enseignes au positionnement alternatif, plus local ou plus expérientiel. Columbus Café occupe une place singulière dans ce paysage : à la fois précurseur français, l’enseigne a été créée en 1994, et challenger sérieux avec un modèle de développement très dynamique.

Ce positionnement est aujourd’hui challengé par un retour attendu : celui de Dunkin’. Rebaptisée Dunkin’ pour marquer son recentrage sur le café, l’enseigne américaine prévoit d’ouvrir son premier point de vente français le 14 mai à Paris. Forte de plus de 13 000 unités dans le monde, elle s’avance avec des arguments solides, mêlant notoriété internationale, offre accessible et efficacité opérationnelle. Elle s’inscrit aussi dans une tendance de consommation qui redonne toute sa place au café à emporter, à des prix modérés. Face à cette offensive à venir, Columbus Café entend capitaliser sur son ancrage français, son « offre sucrée emblématique », son sourcing local (café torréfié en France, lait Bleu-Blanc-Cœur, options végétariennes et sans gluten) et son « image de marque chaleureuse et accessible ».

Un développement tous azimuts

L’enseigne ne mise pas uniquement sur les centres-villes pour renforcer sa présence. Elle a investi d’autres canaux, à commencer par les shop-in-shop. On retrouve aujourd’hui des Columbus Café dans des enseignes de bricolage ou de sport comme Leroy Merlin, Decathlon ou Castorama, pour un total d’environ 30 implantations dans ce format. Une façon de capter une clientèle en mouvement, sur des temps de pause plus courts mais réguliers. À cette stratégie s’ajoute le développement de Columbus Retail, l’entité dédiée à la grande distribution. En 2025, une quarantaine de références sont déjà présentes en GMS, avec l’ambition affichée de devenir la marque leader des produits coffee shop dans les rayons. Capsules, préparations sucrées, chocolat à pâtisser : la marque étend son territoire au-delà du point de vente physique.

Côté franchise, le plan de marche est tout aussi ambitieux. Après une trentaine d’ouvertures en 2024, l’objectif est de maintenir un rythme soutenu cette année avec une trentaine d’ouvertures, avec un cap à 500 établissements d’ici cinq ans. Le modèle, rentable pour les franchisés à partir de la 3e année et porté par une notoriété croissante, séduit notamment des acteurs du retail, comme le groupe Eram, déjà exploitant de plusieurs unités à Bordeaux, Toulouse, Levallois et Caen via Welcome.

Columbus accélère pour consolider sa deuxième place

Deuxième acteur du marché derrière Starbucks, Columbus Café avec 25 % de part de marché n’en reste pas moins dans une position à défendre. L’arrivée de Dunkin’ en France vient rappeler que le coffee shop est un terrain de jeu encore largement ouvert, sur lequel de nouveaux concurrents peuvent venir chahuter les positions établies. En renforçant sa présence à Paris, en renouvelant son offre et en investissant de nouveaux formats, l’enseigne entend verrouiller ses parts de marché. Avec une volonté de générer un chiffre d’affaires de 145-150 millions d’euros à périmètre comparable.

Et de créer un attachement durable à la marque, en soignant ses lieux, en diversifiant ses canaux et en jouant la carte d’un univers chaleureux et différenciant, Columbus Café veut faire la différence.