Fnac Darty 2030 : les six leviers du nouveau plan Beyond Everyday
Un an après avoir dépassé les 10,5 milliards d’euros de chiffre d’affaires et étendu son empreinte en Europe, Fnac Darty lance son nouveau plan stratégique à horizon 2030. Baptisé Beyond Everyday, ce plan vise à consolider son modèle fondé sur l’hybridation entre produit et service, ancrage local et performance technologique.

Fnac Darty a dévoilé son nouveau plan stratégique à l’horizon 2030 Beyond Everyday. Ce plan s’inscrit dans la continuité du précédent, Everyday, en renforçant la transformation vers un « modèle centré sur les services et une consommation plus durable ». Enrique Martinez, CEO de Fnac Darty, décrypte les six leviers qui guideront la transformation du groupe.
1. Vers un modèle serviciel de grande ampleur
Dès les premières lignes du plan Beyond Everyday, Fnac Darty assume : la vente de produits ne suffit plus. Le modèle serviciel, initié par Darty Max, devient le pilier de sa croissance future. « Ce plan va nous permettre d’étendre et d’approfondir notre modèle de services en Europe, avec la circularité comme axe central », affirme Enrique Martinez, P-dg de Fnac Darty lors d’un point presse, jeudi 12 juin.
Avec 4 millions d’abonnés visés à l’horizon 2030, soit un doublement par rapport aux 2 millions actuels, le groupe veut imposer un standard sur le marché des services à domicile. Fnac+, Complet Pack Réalité, services digitaux et bientôt énergie et habitat : « Nous voulons aller au-delà de la simple réparation pour proposer des services plus variés, plus personnalisés, et à plus forte valeur ajoutée. Il ne s’agit plus seulement de réparer, mais d’accompagner les clients dans la gestion de leur foyer. Nous envisageons plusieurs approches : des services développés en propre, des partenariats, ou encore des modèles hybrides. » Cette montée en puissance des services ne doit rien au hasard : leur contribution à la marge brute passera de 25 à 30 %, et les services par abonnement représenteront plus de 80 % de la marge des services B2C. Un basculement profond du modèle économique.
2. L’économie circulaire, colonne vertébrale du modèle
Au-delà du revenu récurrent, Fnac Darty inscrit son modèle dans une logique environnementale. « Nous avons une exigence très forte sur la qualité et la durabilité des produits. La réparabilité devient un marqueur de notre engagement. » Objectif : 3,5 millions de produits réparés par an en 2030, contre 2,6 millions aujourd’hui. « Nous nous fixons pour objectif de réaliser 1 million de réparations par an à l’horizon 2030, précise Enrique Martinez. À ce jour, nous en sommes à environ 600 000. Cela impliquera de renforcer nos processus et d’investir encore dans la montée en puissance de nos capacités : ateliers, pièces détachées, techniciens, etc. »
Nous voulons continuer à être un acteur de référence de la réparabilité dans nos catégories produits, et amplifier notre rôle dans la transformation durable de la consommation.
Cette ambition s’accompagne d’une trajectoire carbone claire : -50 % d’émissions directes (scopes 1 et 2) d’ici 2030 (vs 2019). Une transformation qui passe aussi par les hommes : Fnac Darty forme chaque année 200 techniciens, via ses 30 Tech Académies, et prévoit des modules IA et durabilité dans son académie interne.
3. Le magasin, repensé comme plateforme relationnelle
« Il faut revoir en profondeur le rôle des magasins », tranche Enrique Martinez. La moitié des achats digitaux s’achève aujourd’hui en point de vente : ce maillage omnicanal devient un atout clé dans la fidélisation. Le groupe prévoit la rénovation de 200 magasins et l’ouverture de 150 points de vente supplémentaires (1 500 points de vente au global), notamment en Italie et au Portugal, où l’enseigne remplacera MediaMarkt par une marque propre. Ce vaste plan s’accompagne d’une hausse des capex annuels à 200 millions d’euros (contre 160 M€ précédemment), avec une répartition équilibrée entre nouvelles ouvertures et rénovation du parc existant. Environ la moitié sera dédiée à la transformation technologique du groupe : modernisation des systèmes IT, intégration de l’intelligence artificielle, développement d’outils pour les équipes et les clients.L ’autre moitié concernera les magasins, sur cette enveloppe « un tiers ira aux ouvertures, deux tiers au renouvellement ».
Côté offre, Fnac Darty va élargir ses catégories : beauty tech, bien-être, santé connectée, jeux adultes, robotique domestique. « Nous sommes déjà présents sur certains produits de bien-être et de santé connectée, mais de nouveaux usages arrivent : des masques LED, des produits à effet cosmétique et bien-être global, détaille le P-dg de Fnac Darty. Nous avons la capacité d’émerger comme référence sur ces marchés, en lien avec notre expertise sur la technologie et l’équipement personnel. La robotique domestique est également un sujet prometteur. Nous proposons déjà certains robots (aspirateurs, gestion de la maison), mais d’autres usages arriveront. Et il est important que nos magasins puissent embarquer ces nouveautés en les rendant compréhensibles et accessibles aux clients. »
4. L’Italie comme catalyseur européen
L’internationalisation n’est plus un simple relais de croissance : elle devient un axe stratégique central. « Nous avons franchi un cap en dépassant pour la première fois dans l’histoire du groupe les 40 % de chiffre d’affaires réalisés à l’international, pointe le dirigeant. Cela s’inscrit dans une dynamique de croissance : nous sommes passés d’un groupe pesant environ 8 milliards d’euros à un groupe qui génère désormais plus de 10,5 milliards d’euros de chiffre d’affaires. Ce n’est pas uniquement un changement d’échelle, c’est aussi une ouverture vers de nouveaux territoires, dont certains deviennent déjà des piliers à part entière de notre activité. »
Avec l’intégration d’Unieuro, Fnac Darty place l’Italie au cœur de son plan. « Nous allons tripler le chiffre d’affaires italien, de 280 à 800 millions d’euros. Et la marge opérationnelle passera de 1 à 3 %, grâce à la puissance du groupe. » L’acquisition de la société de services Cover Care permet d’exporter le modèle serviciel. « Cover Care opère à la fois pour les clients finaux et les entreprises. Ce savoir-faire, nous comptons le déployer dans tous nos pays. » Le Portugal est également une zone d’investissement prioritaire, tout comme l’Espagne, encore peu couverte par les services. « Le potentiel est immense. Nous n’avons pas encore déployé nos modèles d’abonnement dans ces pays. »
5. Une plateforme B to B en construction
Fnac Darty souhaite désormais « aller au-delà du retail classique » en monétisant ses savoir-faire auprès d’acteurs tiers. Fulfilment, retail media, gestion des réparations ou création de mini-sites pour artistes sont autant de services externalisables.
Fnac Darty souhaite désormais « aller au-delà du retail classique » en monétisant ses savoir-faire auprès d’acteurs tiers.
La joint-venture Weavenn avec CEVA Logistics monte en puissance sur la marketplace. Le retail media - encore marginal - vise 2 % du chiffre d’affaires total en 2030. « Nous voulons aussi proposer des services à haute valeur ajoutée aux éditeurs, artistes ou libraires, comme l’organisation d’événements ou la digitalisation de librairies. » En parallèle, Fnac Darty propose déjà des services à des assureurs, en gérant le SAV ou les remplacements de biens sinistrés. Un mouvement discret, mais structurant.
6. Une culture d’entreprise au service de la transformation
Avec 30 000 collaborateurs et une ancienneté moyenne de 13 à 14 ans, Fnac Darty s’appuie sur un noyau solide. « Nous avons une chance immense d’avoir des équipes fidèles. Cela nous permet d’engager une transformation en profondeur. » Tous les salariés ont été formés à l’IA en 2024. L’actionnariat salarié sera renforcé, avec un objectif de 5 % du capital détenu par les collaborateurs à horizon 2030. Et les managers sont particulièrement ciblés dans les plans de formation, pour accompagner la transition culturelle. Le digital n’est pas oublié : modernisation des systèmes, outillage des équipes, refonte des parcours clients… L’ensemble des outils IT sera revu pour mieux intégrer les potentialités de l’IA.
« Notre rôle reste de faciliter l’accès aux produits, à la culture, à la technologie. Mais nous devons enrichir ce modèle avec du service, de l’engagement, de la durabilité », résume Enrique Martinez. Derrière les ambitions chiffrées du plan Beyond Everyday, c’est une mutation de fond que revendique le groupe : celle d’un distributeur qui assume désormais d’être aussi une plateforme de services, un acteur de la circularité, et un partenaire B to B, bien au-delà de la simple vente. « Fnac Darty est un spécialiste, pas un généraliste, conclut-il. Notre rôle est d’accompagner les clients dans l’accès à des produits, des services, de la culture et de la technologie. Les produits restent le cœur du modèle : aujourd’hui, ils représentent 75 % de notre marge. Même si les services progressent, l’activité produit reste largement majoritaire. Nous voulons simplement enrichir cette base par des services utiles, responsables et différenciants. Le futur de Fnac Darty ne se construit pas en rupture, mais en extension maîtrisée de notre modèle, avec toujours cette ambition de faciliter la vie quotidienne dans un monde en transition. »
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