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Les leviers de Leroy Merlin pour décarboner sa supply chain

Par Clotilde Chenevoy, Guillaume Trecan | Le | Supply chain

Nicolas Davril pilote le transport chez Leroy Merlin et revient en détail sur les ajustements réalisés pour mieux gérer les flux amont, aval, et e-commerce avec en ligne de mire une réduction de l’impact carbone.

Les leviers de Leroy Merlin pour décarboner sa supply chain
Les leviers de Leroy Merlin pour décarboner sa supply chain

Faire moins avec plus. C’est l’objectif de Leroy Merlin au sujet de sa supply chain. Les flux augmentent, notamment sous l’impulsion de l’e-commerce, mais il est indispensable de maîtriser les coûts logistiques et surtout de limiter l’empreinte carbone. Ce que s’attache à faire Nicolas Davril, directeur transport du groupe Leroy Merlin depuis six ans.

Couvrant la supply chain amont pour la zone Europe ainsi que la supply chain aval, la direction transport gère chaque année près de 5 millions de palettes et 1 100 camions par jour. Elle disposait sur l’année 2022 d’un budget de 120 millions d’euros et assure pour ses 140 magasins français plus de 115 000 livraisons chaque année. Compte tenu des flux conséquents à opérer, l’optimisation de la performance des transports du groupe était en 2016 le principal objectif fixé par Leroy Merlin pour sa direction dédiée. À cela s’est ajouté une autre ambition : réduire ses émissions de gaz à effet de serre. 

Auparavant, le groupe concentrait ses investissements sur la rénovation et l’extension de ses magasins, désormais en majorité sur la supply et la digitalisation.

Un objectif qui passe par la digitalisation de l’activité avec l’investissement dans de nombreux outils. « Il y a six ans, nous n’avions aucun outil à notre disposition pour gérer l’exploitation, précise Nicolas Davril. Il était donc nécessaire d’investir. Le virage de la digitalisation a débuté il y a cinq ans, avec la mise en place du TMS Oracle, de la solution de tracking Shippeo, de reverse Opalean, de Docusign par la gestion des contrats et de E-attestation pour le suivi administratif de nos documents. Depuis trois ans, nous avons déployé la solution Sightness pour nos dashboard performance puis carbone. Auparavant, le groupe concentrait ses investissements sur la rénovation et l’extension de ses magasins, désormais en majorité sur la supply et la digitalisation. »

Une digitalisation de la supply chain pour plus de précisions opérationnelles

Ces outils permettent à la direction transport de Leroy Merlin de piloter de manière plus précise toutes ses opérations - en amont et aval, gagnant par la même occasion en visibilité sur sa rentabilité, ses volumes transportés ainsi que ses émissions de GES. Par exemple, le kilométrage à vide des véhicules a été limité en proposant des flux (aval) et contre flux (amont). Aussi, elle profite d’une data produit certifiée. « Sur le e-commerce, les écarts de données relatifs au poids ou à la taille des produits sont monnaie courante et impactent directement le mauvais choix transporteur en cas de gros écart. Sightness devait en premier lieu répondre à cette problématique », retrace Nicolas Davril. 

D’ailleurs, face à la montée des flux e-commerce, l’enseigne a dû ajuster sa logistique. « Depuis mon arrivée, nous avons ajusté notre organisation logistique pour répondre au besoin du e-commerce, une activité qui ne cesse de prendre de l’ampleur, en témoigne la croissance des commandes passées sur notre site internet depuis quelques années, indique-t-il. De plus en plus de flux sont au départ de nos entrepôts et fournisseurs vers nos clients finaux. Il nous faut avec ce nouveau schéma chercher de la profitabilité ; néanmoins, en sponsorisant le coût de la livraison, nous faisons face à un danger. Nous devons donc être vigilant et chercher de l’efficience. »

Des partenariats solides et énergies alternatives variés

Signataire de la charte Fret 21 depuis 2017, Leroy Merlin s’était engagé à réduire dans les trois ans de 15 % ses émissions carbones liées au transport, soit une réduction de plus de 10 000 tonnes de CO2. Un objectif finalement dépassé, puisque le groupe revendiquait fin 2019 une diminution de son empreinte carbone liée au transport de 19 %, soit -13 000 tonnes de CO2. À la fin de l’année 2022, le distributeur affirme avoir réduit ses émissions carbones depuis 2017 de 36 % et devrait même les réduire de 50 % pour fin 2023. 

Nicolas Davril, directeur transport du groupe Leroy Merlin - © D.R.
Nicolas Davril, directeur transport du groupe Leroy Merlin - © D.R.

Une trajectoire rendue en grande partie possible grâce aux relations partenariales voulues par Nicolas Davril. En effet, le directeur transport juge préférable de réaliser des appels d’offres tous les trois ans - et non chaque année - afin de laisser à ses 140 transporteurs le temps d’investir et d’optimiser leurs schémas. « Nous choisissons des transporteurs vertueux et engagés. Plus de 90 % d’entre eux sont chartés ou labellisés Objectif CO2 », explique Nicolas Davril. 

Aujourd’hui, près de 15 % de l’activité transport de Leroy Merlin est réalisée sur rail-route pour tous les axes jugés comme longue distance ; cela lui permettant de baisser de 80 % ses émissions carbone sur ce type de trajet. Pour renforcer encore ses actions et sa trajectoire, le groupe a fait le choix de miser sur différentes typologies d’énergie alternative. Le biométhane, utilisé sur des axes courte distance, pèse pour 23 % de l’activité. Les énergies B100 et XTL, privilégiées sur des trajets moyennes et longues distances, pèsent respectivement pour 20 % et 12 %. À ce jour, 70 % des volumes transportés par Leroy Merlin le sont via des énergies alternatives, contre 40 % en 2020. «  Nous visons 100 % d’énergies alternatives à l’horizon 2025 », conclut Nicolas Davril.

Retrouvez sur Républik Supply Le Média plus d’informations sur la stratégie de Leroy Merlin.