Showroomprivé mise sur l’IA gen : trois cas d’usage déjà opérationnels
Showroomprivé accélère sur l’IA générative. À Connect Lille, Damien Garzilli a dévoilé trois usages déjà déployés : retouche visuelle automatisée, génération de fiches produits et agent IA pour les contenus voyage. Des solutions qui transforment la production de contenu d’un pure player aux volumes colossaux.
À l’occasion de la première édition de Connect Lille, organisée par Républik Retail les 6 et 7 novembre, Damien Garzilli, VP Data & Innovation de Showroomprivé, a présenté au public et aux chroniqueurs (Laetitia Thiel de Best Western, Rami Baitieh de Morrisons, Arnaud Lesne de Carrefour Belgique, Patrick Stassi de Kiabi, Salvatore Spatafora de Blancheporte, Cédric Ducrocq de Diamart et Emmanuel Emery Dufoug de The Field) un retour d’expérience sur l’intégration de l’IA générative dans l’e-commerce. Il a exposé trois cas d’usage très opérationnels : la retouche visuelle automatisée, la génération de fiches produits et un agent IA destiné à la rédaction de contenus voyage. Le pure player français spécialsite du déstockage, fondé en 2006, y voit un accélérateur décisif dans un métier où les volumes explosent.
20 ventes par jour, 200 références chacune
Avant de plonger dans la technologie, Damien Garzilli rappelle la réalité du terrain : Showroomprivé n’est pas seulement un site, c’est une machine de production de contenus. « On a une vingtaine de ventes qui commencent chaque jour, en moyenne 200 références », explique-t-il au jury. Autrement dit : des milliers d’images, de descriptions produits et de contenus à mettre en ligne chaque semaine. La plateforme intervient sur plusieurs univers : la mode, son cœur historique, mais aussi la maison, la high-tech, le voyage. Et chaque univers possède ses propres contraintes : diversité des visuels fournisseurs, qualité très disparate des images, disparités entre types de produits, descriptifs parfois lacunaires, variation des attributs techniques…
La retouche visuelle automatisée : « 50 % de temps gagné »
Pour introduire le sujet, Damien Garzilli propose un test visuel au jury : trois images sans être humain mais dans l’univers de la cuisine : des verres d’eau, une table basse avec objets et un extracteur de jus. Deux sont générées par l’IA. Une seule est réelle. Personne ne devine correctement. L’IA a vraiment généré l’ombre, le reflet… c’est bluffant. » Ce petit jeu ouvre sur un cas d’usage très concret : la mise au gabarit et la retouche des visuels fournisseurs. Un processus historiquement lourd, fastidieux, indispensable à la cohérence visuelle du site. « Tous les visuels fournisseurs que l’on reçoit, on essaie de les mettre au gabarit, à la charte. C’était clairement un processus chronophage », explique-t-il.
La solution est née… d’un retoucheur interne passionné. « C’est un retoucheur féru de machine learning, qui s’est mis un peu seul dans son coin pour développer ça. Il nous a complètement scotchés. Son modèle est maintenant à l’équilibre, et toute l’équipe l’utilise à présent. » Le gain est spectaculaire : environ 50 % de temps gagné sur le traitement des images. Mais l’IA ne fonctionne pas seule. « On laisse quand même l’humain valider l’ensemble de nos visuels. On ne peut pas tout déléguer, car l’image, c’est notre seul moyen de confiance. »
Les descriptifs produits générés automatiquement
Dans un secteur où le nombre de références est colossal, rédiger un descriptif produit complet, précis et conforme est un défi permanent. « C’est hyper chronophage, même pour une page produit basique », rappelle Damien Garzilli. Pour accélérer, Showroomprivé a fait appel un partenaire qui utilise l’IA pour extraire des informations à partir des visuels et des attributs internes. Résultat immédiat : « On a divisé par cinq le temps pour produire un descriptif produit ». Le jury s’interroge sur la capacité de l’entreprise à mesurer la performance, notamment à travers la mise en place d’AB tests et l’évaluation de l’impact SEO. La réponse est transparente : « On tracke surtout combien de retouches on doit faire derrière. Si on doit repasser manuellement sur tout, ce n’est pas bon. Sur la génération elle-même, on n’a pas encore suffisamment de volumétrie pour prouver que la génération performe plus que le visuel seul, mais c’est un sujet sur lequel on travaille. » Le SEO est un sujet émergent mais non encore tranché. « C’est un gros sujet pour nous. »
Ce cas d’usage fait réagir la salle : « C’est clairement l’un des projets avec les paybacks les plus hallucinants », souffle un membre du jury. Damien Garzilli acquiesce, tout en rappelant la nécessité de garder l’humain dans la boucle.
Un agent IA collaboratif pour les contenus voyage
Le troisième cas d’usage se distingue totalement : il n’est plus question d’automatisation poussée, mais d’assistance intelligente. « On a créé avec les utilisateurs métier une plateforme d’agents IA. On leur a fait créer l’agent qui permet de produire des fiches produits voyage plus inspirantes, avec de la recherche d’informations et du fact-checking », explique Damien Garzilli. Ici, la data fournit la plateforme, mais les métiers deviennent acteurs : « Nous, on intervient assez peu côté tech. Elles sont assez autonomes. » L’agent IA est manipulé en mode conversationnel. Les équipes peuvent affiner un paragraphe, ajuster le ton, demander des vérifications, réorienter la structure…
Pour industrialiser l’usage de l’IA générative, Showroomprivé a créé des IA Champions, un dispositif interne de transformation. « On a créé des AI Champions dans tous nos métiers. Ce sont des gens du métier, pas des tech », explique-t-il. Leur mission : comprendre l’IA, porter les cas d’usage, aider leurs collègues, diffuser les bonnes pratiques, connecter les agents aux données et maîtriser le prompt.