Mondial Tissus : IA, marketplace et créativité pour séduire sans brader
Mondial Tissus multiplie les initiatives pour capter les consommateurs et éviter les promotions à outrance. Décryptage de ce plan d’actions avec Bernard Cherqui, son président.

Des montagnes russes. C’est un peu l’image que l’on peut prendre pour évoquer le marché du tissu en France si l’on en croit les propos de Bernard Cherqui, président de Mondial Tissus. En effet, l’enseigne, composée de 120 magasins et réalisant un volume d’affaires de 148 millions d’euros, a bénéficié des confinements lors du Covid, car les Français ont alors beaucoup investi dans leur décoration intérieure. Les années qui ont suivi ont été plus compliquées, avec de nombreuses fermetures, tant chez les indépendants qu’au sein de réseaux. Citons ainsi Toto, qui a rejoint le cimetière des enseignes.
Dans ce contexte difficile, Mondial Tissus, leader sur son marché, tient bon. « Nous nous sommes réorganisés pour améliorer notre productivité et nous avons retravaillé nos coûts avec la renégociation des loyers », détaille Bernard Cherqui. Pas question pour le dirigeant de faire le dos rond devant un climat économique morose : les investissements se poursuivent pour développer à la fois le réseau et le digital.
L’IA, un vrai accélérateur à l’international
Sur le web, c’est l’intelligence artificielle qui constitue un véritable levier de croissance. « Il y a un an, notre activité e-commerce était timide, en France, Belgique et Allemagne, résume le dirigeant. L’apport de l’IA nous a permis d’accélérer en simplifiant la localisation des sites. In fine, nous avons lancé très rapidement de nouvelles plateformes et nous sommes désormais présents dans neuf pays dont les Pays-Bas, la Suède, l’Italie ou encore la Suisse. » Mondial Tissus a recruté, pour chaque marché, une seule personne native afin d’assurer le service client.
Parallèlement, le groupe a lancé sa marketplace, enrichissant son offre avec près de 100 000 produits. « Ce modèle économique est intéressant car nous n’avons pas de stocks à supporter et nous pouvons proposer l’intégralité des catalogues de nos partenaires, y compris des offres de niche », précise Bernard Cherqui. Fidèle à sa logique d’ouverture, Mondial Tissus a également diversifié son offre en matière de machines à coudre, jusque-là limitée à Singer. « Ce n’est pas un business pour gagner des millions, mais c’est redoutable pour nous faire connaître. C’est autant un outil business que marketing », souligne le dirigeant.
Aujourd’hui, le web représente environ 10 % du chiffre d’affaires global, avec un objectif porté à 15 % dès l’an prochain. « Le développement à l’international et l’apport de l’IA vont nous y aider fortement. Sans l’IA, je ne suis pas sûr que nous serions allés aussi loin, aussi rapidement », reconnaît Bernard Cherqui.
Miser à fond sur la créativité
Si le digital constitue un axe stratégique, les magasins restent au centre du dispositif. Avec ses 120 points de vente, Bernard Cherqui estime que le potentiel pourrait atteindre 150 unités, « mais nous aviserons selon la reprise du marché », nuance-t-il.
Pour attirer les clients, la direction mise également sur des initiatives créatives, à l’image de l’opération « Slow Création ». Cette première édition a rencontré un vrai succès : 1 400 participants ont présenté leur réalisation, dont une centaine de collaborateurs. Chaque magasin a exposé les « œuvres », soumises au vote du public. La grande finale, organisée en ligne, a réuni 21 000 votants. « Ce qui, en soi, représente déjà une prouesse, car les équipes magasins ne sont pas habituées à ce type d’exercice ! » observe Bernard Cherqui.
« C’est une véritable première pour nous de combiner notoriété et drive-to-store, et c’est d’ailleurs plus un mouvement que nous mettons en opposition à l’ultra fast fashion », ajoute-t-il. Leader en France du do it yourself, Mondial Tissus entend pousser encore davantage ce marché. Slow Création s’articule autour de trois piliers qui constituent notre ADN : conscience écologique, budget maîtrisé et accomplissement personnel. « C’est une vraie réflexion pour attirer nos clients autrement que par la promotion », conclut le dirigeant.