Scalapay lève 155 millions de dollars pour devenir le Alipay du paiement fractionné
Par Clotilde Chenevoy | Le | Paiement
La fintech italienne Scalapay vient de lever 155 millions de dollars et elle ambitionne d’imposer le paiement fractionné sur le web et en magasin.
Après avoir dit « fais moi un Lydia » pour collecter les fonds pour un cadeau d’anniversaire commun, vous enchaînerez peut-être en boutique ou sur le web par un « je vais faire un Scalapay ». En clair, la première application Lydia a facilité les remboursements entre particuliers, tandis que la fintech italienne veut, elle, faciliter les achats plaisir sur le web et en magasin en proposant du paiement fractionné. Scalapay ambitionne d’ailleurs de devenir un moyen de paiement aussi incontournable qu’Alipay en Chine, reposant sur le mobile et le QR Code, mais en offrant le principe de « buy now, pay later » (achetez maintenant, payez plus tard).
Scalapay vient d’ailleurs de signer une levée de fonds de 155 millions de dollars en Série A auprès de Tiger Global, avec la participation de Baleen Capital et Woodson Capital. Les nouveaux investisseurs rejoignent les investisseurs existants Fasanara Capital et Ithaca Investments qui avaient déjà mis au pot 48 millions d’euros.
Le paiement fractionné, un outil pour doper le panier et améliorer le taux de conversion
Le paiement fractionné, aussi appelé Buy Now Pay Later, n’est pourtant pas un nouveau service. Klarna, l’un des leaders mondiaux, a été fondé en 2005 et en France, Oney propose ce type de services depuis quasiment aussi longtemps… Il y a aussi beaucoup d’actualité sur ce sujet, avec le rachat d’AfterPay par Square ou la levée de fonds d’Alma.
En revanche, depuis deux ans, le sujet monte chez les retailers. « Nous avons constaté une forte demande sur le segment de la mode luxe au cours de l’année dernière, de nombreux clients plus jeunes utilisent Scalapay pour s’offrir le sac Prada ou les chaussures Valentino qu’ils aiment, et dont ils ont rêvé, explique Simone Mancini, l’un des fondateurs de la fintech et p-dg. Nous voyons généralement que 30 à 50 % des transactions de nos partenaires sur le secteur de la mode luxe sont effectuées avec Scalapay, l’intérêt des clients est très prometteur. »
Par ailleurs, Pingki Houang, nouveau directeur général depuis cet été, estime que la start-up fait la différence car « nous ne sommes pas un acteur bancaire, notre modèle économique est différent. Nous proposons aux clients de payer en trois fois sans frais afin qu’ils puissent se faire plaisir. »
Autre singularité, le moyen de paiement est visible dès la fiche produit. « Le client ne voit pas 90 euros mais 3x 30 euros. Psychologiquement, cela change beaucoup de choses pour le consommateur, souligne le directeur général. Et côté commerçants, le service est sans risque, nous facturons à la performance avec un virement immédiat vers leurs comptes. »
La commission varie de 2 à 4,5 % selon les volumes des commerçants. La gestion de la fraude bascule également chez Scalapay qui fait son scoring selon les méthodes habituelles, utilisant des données exogènes dès lors que le marché est en open banking. In fine, la fintech annonce doper le panier moyen de 20 à 48 % et d’améliorer le taux de conversion de 11 %.
Devenir incontournable aussi en magasin
Fondée en Italie en 2019 par Simone Mancini et Johnny Mitrevski, Scalapay propose ses services en Italie, France, Allemagne, Espagne, Portugal, Finlande, Belgique, Pays-Bas et en Autriche. Son développement s’est fait principalement sur le canal e-commerce. En ligne, l’implantation d’un nouveau moyen de paiement est relativement simple. Tout se joue au niveau du back office et c’est le client qui choisit ce moyen de paiement en toute autonomie. Pour le déploiement en magasin, c’est un peu plus complexe car les systèmes d’encaissement ne sont pas tous flexibles et encore très peu acceptent les API. Néanmoins, Scalapay nourrit aussi de fortes ambitions sur ce canal de vente.
L’opération repose sur l’usage d’un QR Code et rappelle un peu un scénario testé par Paypal avec Intermarché. Ainsi, le client, qui aura téléchargé sur son mobile l’application Scalapay pour s’enrôler, devra scanner un QR Code affiché en point de vente puis valider la géolocalisation. L’étape d’après consiste à interroger le système sur un budget qu’il souhaite dépenser. Scalapay effectue alors une pré-validation du montant pour assurer au client que cela passera en caisse. Au moment de payer, il indique dans l’application le montant final à régler et la caissière scanne le QR code sur le smartphone du consommateur pour valider le paiement.
Le scénario n’est pas parfait pour le directeur général, notamment car il repose sur de nombreux facteurs que la fintech ne maîtrise pas comme l’affichage d’un QR Code ou la formation des équipes. De plus, le parcours client doit encore gagner en fluidité. Nul doute que la levée de fonds de 155 millions de dollars va venir aider les équipes à améliorer la solution, ou à en créer d’autres. Car la vision des dirigeants est claire annonce Pingki Houang : « nous voulons aider les commerçants à vendre, le Buy Now Pay Later est un premier bloc. »