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Le commerce embarqué va-t-il devenir une réalité ?

Par Dalila Bouaziz | Le | Encaissement

Le commerce embarqué ou « in-vehicle commerce » permet d’effectuer des achats depuis sa voiture sans enlever les mains du volant. Nicolas Diacono, Digital Trends Analyst chez l’Echangeur by BNP Paribas Personal Finance, détaille les vertus de ce nouveau concept.

D’ici 2030, près de 95 % des nouvelles automobiles vendues dans le monde seront connectées. - © D.R.
D’ici 2030, près de 95 % des nouvelles automobiles vendues dans le monde seront connectées. - © D.R.

Le commerce embarqué ou « in-vehicle commerce » est en train d’émerger aux Etats-Unis. Avec un temps moyen de 60 minutes par jour passé derrière un volant, le conducteur américain pourrait bonifier ce temps pour acheter des vêtements, de la nourriture ou des services grâce à l’avènement des voitures connectées et des systèmes embarqués de plus en plus intelligents.

On estime que 600 millions de véhicules connectés généreront 537 milliards de dollars de transactions d’ici à 2030. La valeur des paiements à bord des véhicules devrait atteindre 1 milliard de dollars en 2023, contre moins de 100 millions de dollars en 2020.

 

SBD Automotive - © D.R.
SBD Automotive - © D.R.

Un concept relativement nouveau

Aujourd’hui, les constructeurs automobiles accélèrent le développement des services de paiement à bord des véhicules afin de tirer partie de l’émergence du commerce embarqué. Le commerce embarqué est un concept relativement nouveau, en cours de développement et d’essai. Le principe est simple : effectuer des achats depuis sa voiture sans enlever les mains du volant. Pour être prêt pour ce type de commerce, un véhicule doit être forcément connecté. Selon une étude de McKinsey, d’ici 2030, près de 95 % des nouvelles automobiles vendues dans le monde seront connectées, contre environ 50 % actuellement.

L’objectif du « in-vehicle commerce » est de pouvoir valoriser le temps passé derrière son volant pour, par exemple, commander des places de cinéma ou de concert par reconnaissance vocale sans avoir à enlever ses mains du volant. Mais aussi l’élargissement de la gamme de biens et de services pouvant être achetés dans le véhicule, notamment les produits alimentaires, le carburant et les services d’entretien de la voiture. Plusieurs experts, lors du salon SXSW, ont également évoqué la notion de « on my way commerce », c’est-à-dire la capacité à commander votre dîner, par reconnaissance vocale, dans votre restaurant préféré pendant que vous rentrez du travail. Vous allez passer commande sur Deliveroo ou Uber Eats depuis le tableau de bord de votre voiture par reconnaissance vocale. Par la suite votre voiture va envoyer les informations de votre trajet à Deliveroo ou Uber Eats afin de vous faire livrer 5 minutes après votre arrivée à votre domicile. A terme on peut imaginer ce type de service pour la livraison alimentaire ou encore le drive mais la clé de ce type de service sera la maîtrise du paiement embarqué.

Sur le salon NRF 2023, Qualcomm proposait sa solution de ‘in-vehicle commerce’ basée sur Snapdragon aux retailers présents sur le salon. Qualcomm présentait une offre servicielle où le conducteur pouvait acheter différents services ou produits selon sa localisation, directement depuis le tableau de bord de sa voiture via la reconnaissance vocale.

Des systèmes de paiement embarqués plus sophistiqués

Les innovations et améliorations futures dans le domaine du commerce embarqué pourraient inclure le développement de systèmes de paiement embarqués plus sophistiqués, tels que l’authentification biométrique et les méthodes de paiement sécurisées. Dès lors que l’on parle de paiement et de biométrie, il devient obligatoire de faire le lien avec Worldcoin, l’initiative de Sam Altam, co-fondateur d’Open AI.

Worldcoin a pour objectif de créer un écosystème d’identité numérique et de paiement par cryptomonnaie afin de permettre à tous les êtres humains de payer via la reconnaissance de leur iris. Tout repose sur une identité numérique enregistrée dans la blockchain via l’enregistrement de l’iris des utilisateurs à la création du compte, une idée pas si folle quand on sait que plus d’un milliard d’être humain n’ont aucune identité officielle et que 3 milliards n’ont pas d’identité numérique.

Après ChatGPT, Sam Altman se lance dans ce projet un peu fou mais qui pourrait changer la donne et potentiellement redistribué les cartes dans le monde du paiement. Il n’en reste pas moins assez clairvoyant sur les difficultés de déployer Worldcoin : « Comme tout projet vraiment ambitieux, peut-être que cela marche ou peut-être que non, mais essayer c’est ainsi que le progrès se produit ».

Atteindre les consommateurs sur un nouveau marché

Enfin, l’intégration du commerce embarqué avec d’autres technologies, telles que les assistants vocaux et la réalité augmentée, devraient rendre l’expérience d’achat plus transparente et plus pratique. Des solutions sont déjà déployées et sont plus ou moins déjà opérationnelles chez un constructeur comme Mercedes-Benz.

Les assistants vocaux et la réalité augmentée sont déjà déployés chez un constructeur comme Mercedes-Benz. - © D.R.
Les assistants vocaux et la réalité augmentée sont déjà déployés chez un constructeur comme Mercedes-Benz. - © D.R.

Les marques peuvent potentiellement bénéficier du commerce embarqué de plusieurs façons. Tout d’abord, il offre aux marques la possibilité d’atteindre les consommateurs sur un nouveau marché et potentiellement inexploité. En outre, le commerce embarqué permet aux marques d’entrer en contact avec leurs clients d’une manière plus personnelle et plus pratique. En fournissant des services et des produits adaptés aux besoins spécifiques des consommateurs « conducteurs », les marques peuvent renforcer leur engagement auprès des clients et établir des relations plus solides. Ce concept de commerce offre également aux marques de nouvelles possibilités de partenariats et de collaborations avec d’autres entreprises des secteurs de l’automobile et de la technologie. En travaillant ensemble, les marques peuvent développer des produits et des services innovants qui répondent aux nouveaux besoins des consommateurs de voitures. L’automobile rentre dans l’ère du « retail ambiant » !

A propos de l’auteur

Nicolas Diacono - © Echangeur by BNP Paribas Personal Finance
Nicolas Diacono - © Echangeur by BNP Paribas Personal Finance

Après plusieurs expériences au sein de start-up biotechnologiques puis dans un cabinet de conseil en innovation, Nicolas Diacono intègre l’Echangeur by BNP Paribas Personal Finance. Avec plus de dix ans d’expérience dans la veille technologique et la prospective sur les tendances digitales, il accompagne aujourd’hui les clients internationaux de l’Echangeur dans leurs réflexions stratégiques.